Contexte : des forêts précieuses, à gérer « durablement »

Les forêts d’Afrique centrale constituent le deuxième plus grand massif mondial de forêts tropicales humides [1], abritant une grande diversité d’espèces végétales et animales, stockant d’énormes quantités de carbone et source d’importants revenus pour les populations locales. Comme la plupart des forêts tropicales, ces forêts sont confrontées à un accroissement des pressions anthropiques (exploitation du bois, conversion des terres, exploitation minière). L’exploitation pour le bois d’œuvre, en particulier, est accusée d’être à l’origine de la dégradation des forêts pour deux raisons : 1) elle favorise, à travers la création d’infrastructures, la pénétration du massif par les agriculteurs et les chasseurs et 2) elle appauvrit les canopées à la suite de la récolte répétée de grands arbres de valeur en fonction des demandes des marchés.

La prise de conscience croissante des risques encourus par les forêts denses a conduit la plupart des pays d’Afrique centrale à re-définir, entre 1990 et 2002, leurs lois forestières et à rendre obligatoire la mise en place de plans d’aménagement dans les forêts de production. Aujourd’hui, plus de 14 millions d’hectares de forêts font l’objet d’un tel plan, sur environ 44 millions d’hectares attribués à des concessionnaires forestiers [2]. 

Les plans d’aménagement sont supposés être « durables » au sens de l’OIBT [3], c’est-à-dire permettre « la production d’un flux continu de produits et de services sans porter atteinte aux valeurs intrinsèques de la forêt ni hypothéquer sa productivité future, et sans effets indésirables sur l’environnement physique et social ». Le projet s'intéressera principalement aux conditions dans lesquelles il est possible de produire durablement du bois d’œuvre en forêt tropicale, thème qui fait l'objet de débats intenses ([4], [5]).